La France va de plus en plus mal… C’est devenu une sorte de mauvais roman. Entre « Oui-Oui (Hollande) au pays des boulettes », « Martine (Le Pen) à la campagne – et bientôt en campagne »… Bref, c’est le Club des politiques et les réformes non-magiques, ou l’exploit du Clan des gros nazes. On aurait aimé qu’ils ne soient que 5 ou 7, ça aurait peut–être limité la casse, mais malheureusement ils sont bien plus nombreux…
La lecture de ce mauvais bouquin commençait à me courir sur le haricot, alors je suis passée à l’acte. J’ai pris notre François – Flanby de président par l’étiquette, pour l’emmener déguster une vraie leçon de politique avec un illustre confrère : Napoléon III, premier président des français.
Allez hop, c’est parti, suivez-moi ! (Et toi aussi Flanby !)
Nous arrivions, Hollande et moi, sous les familiers lambris dorés du palais de l’Elysée, bien que nous nous trouvions dans la seconde moitié du 19ème siècle (quand la France allait super bien !).
Je me retournais vers François :
« ça va, tu ne te sens pas trop dépaysé ? Bon, je vais te demander de ne pas moufter ; car non seulement tu risquerais de nous foutre la honte mais en plus je veux que tu prennes note de tout ce que va dire Napoléon III. Allez, tiens-toi droit, remonte-moi façon Obama ces vilaines manches trop grandes, et souris… Euh… finalement non, ne souris pas !»
Un homme, d’allure impressionnante malgré sa petite taille, poussa le battant d’une lourde porte et avança vers nous d’un pas décidé.
« Regarde, c’est lui ! Chuchotais-je à François. Tu vois ses grandes moustaches en pointes, ses épaulettes dorées et ce superbe pantalon rouge ? C’est ta première leçon : on ne doit pas confondre un président avec un pingouin dans le métro.
Puis j’ajoutais tout haut :
– Hello Napo ! ça va ma caille ? Cette fois je ne viens pas pour qu’on s’en jette un derrière la cravate avec Nini ! (Eugénie) mais pour que tu me parles politique. Je t’ai ramené un pote qui fait le même job que toi, sauf qu’il galère grave. Pourrais-tu lui donner une petite leçon ?
– C’est trop d’honneur ma Chère, je ne crois pas que je puisse donner des leçons…
– Ah, commence pas ! Quand on a été le premier président des français, élu au premier suffrage universel direct, avec 74% des voix, le tout à 40 balais, et qu’on finit empereur, on peut se permettre de donner des leçons.
Alors dis-nous, c’était comment tes débuts comme président ?
– C’était la merde ! Moi, le Bonapartiste qui rêvait de continuer l’oeuvre de mon tonton Bonap’ 1er, à savoir instaurer un pouvoir politique fort, faire de la France une belle et riche nation et bien j’ai fait… pratiquement rien !
– T’es sérieux ? Quand tu n’étais pas encore président, tu as fais coups d’états sur complots, sur propagandes, tu t’es évadé de prison quand l’autre gland de Louis-Philippe t’y a collé pour perpet’ ; et finalement, arrivé au pouvoir, t’as fait ta fiotte ?
– Hélas, j’y étais contraint ma chère. L’Assemblée me tenait pieds et poings liés. A majorité constituée de monarchistes, elle voulait continuer à diriger comme sous Louis-Philippe, chacun tirant la couverture à soi. Mon pouvoir était réduit à peau de chagrin durant tout mon premier mandat.
– Bon, et bien tu vois Flanby, ça arrive même au meilleurs de galérer au début ! En tout cas, Napo, t’as bien fait de leur péter la gueule avec un bon coup d’état dans les dents. On ne peut pas diriger avec des mauvais, il faut s’entourer des bons.
– C’est le peuple qui doit diriger belle amie. Et si j’ai fait mon coup d’état c’est parce que suite à un plébiscite, 97% du peuple était pour.
– Ouais, mais tu as eu les « balls » de changer la situation, même si c’était un peu douloureux au début (t’as quand-même castagné fort sur les barricades de Paris !) – Prends note François, « avoir des balls » – Mais au moins, tu as pu ensuite réaliser tes idées !
– Je n’ai pas réalisé des « idées » très chère, car je ne suis pas de la famille des idéologues et c’est pour cela qu’aujourd’hui la France m’entoure de ses sympathies. Je n’ai jamais bercé le peuple d’illusions et d’utopies car ça exalte les imaginations pour aboutir à la déception et à la misère.
Alors que j’allais ouvrir la bouche pour acquiescer chaudement, Hollande me devança :
– Et que faites-vous des idées sociales, d’aider les pauvres en taxant les riches, de…
– Ta gueule Flanby ! m’écriais-je. J’allais continuer sur le même ton mais Napoléon m’interrompit :
– Vos idées sociales sont chez moi des actes Monsieur. Quant à taxer les riches, voilà une idée curieuse… A prendre leur argent j’aurais trop peur qu’ils partent. Je préfère au contraire les attirer et les inciter à le dépenser ! Paris n’a plus été occupé à faire des barricades ou à égorger du bourgeois, le jour où Paris a été occupé à travailler pour gagner de l’argent et à ripailler pour le dépenser ! Plutôt que de paupériser vos riches, enrichissez vos pauvres !
Je faisais signe à François de prendre note d’un air goguenard quand je vis celui-ci ouvrir la bouche :
« Voilà de belles paroles cher homologue mais vos actes ont-ils été aussi beaux ? »
Napoléon se fendit d’un sourire :
– Ce n’est pas à moi de qualifier mes actes, mais je vous invite à le faire.
Voici : je crois au progrès car il nourrit une nation et la rend puissante. Les anglais sont les meilleurs en cette fin du 19ème siècle, ils inventent toutes sorte de machines qui révolutionnent notre ère, dont la machine à vapeur. Je m’applique à les copier et les surpasser ! Par exemple, notre réseau de chemin de fer en France est passé de 3 500 km à 17 000 Km, soit 2 000 km de plus que l’Angleterre. Nos entreprises et nos industries aussi avaient grand besoin de se moderniser…
– Vous leur avez donné des subventions ? Demanda naïvement Hollande.
– Donner de l’argent aux entreprises ? Mais ce serait un puit sans fond mon ami, répliqua Napoléon. Il faut-être plus malin ! En ce qui me concerne, j’ai aboli les lourds droits de douanes et les prohibitions qui étaient tradition en France pour créer une zone de libre-échange, notamment avec l’Angleterre.
– Mais c’est la mort des entreprises ! S’ensuit le chômage, la crise… Lança notre benêt de président en roulant des yeux et du double menton.
– C’est la mort des entreprises malades, Monsieur, mais c’est l’amélioration de l’industrie tout entière ! De plus, il ne faut détruire que ce que l’on remplace. C’est pourquoi j’ai créé de nouvelles activités et donc du travail. Je vous parlais du chemin de fer mais j’ai aussi reconstruit la France et Paris, avec mon cher Baron Haussmann. La ville entière était devenue un enchevêtrement de masures insalubres.
– Quoi, vous avez délogé les gens ? S’insurgea Hollande qui commençait à me les briser menues…
– Hé, bien sûr, pour mieux les reloger ! On se doit de donner du travail à notre peuple mais aussi un cadre de vie descend. J’ai rasé plus de 19 000 immeubles insalubres comprenant 120 000 logements que j’ai remplacé par 30 000 bâtiments nouveaux fournissant 215 300 logements. J’ai voulu pour Paris et la France du pratique et du beau. Que la France brille et elle attire !
Mais attention : j’attache un grand prix à ce que le monument consacré au plaisir, comme l’opéra Garnier ne s’élève pas avant l’asile de la souffrance, comme l’Hôtel-Dieu. »
– Et comment avez-vous financé tout ça ? Demanda François en ouvrant de petits yeux ronds.
– De diverses façons qu’il serait bien trop long d’énumérer et trop ennuyeux pour notre belle amie, dit galamment Napoléon en m’adressant un sourire. A part peut-être cette anecdote : j’ai confisqué les biens de ces crapuleux de royalistes d’Orléans dont j’ai prélevé 10 000 000 francs pour ce projet !
– Tu peux aussi dire à Flanby que t’hésites pas non plus à péter ton PEL pour financer plein de trucs, ajoutais-je en me retournant vers Hollande. Entre la restauration du patrimoine, la distribution gratos de plus d’1 millions de repas chauds par an, l’éducation…
– Oui, en effet. Je réserve la moitié de mon traitement de président pour les œuvres de charité.
– Holly Shit ! T‘entends ça Flanby ? Voilà ce qu’on appelle faire du social ! Prends-en de la graine.
Napoléon me coupa :
– Ne vous méprenez pas ma chère ! Faire du social ne se résume pas à donner de l’argent. Cela n’aurait que peu de sens et serait vite mangé. Il faut que le peuple puisse manger par lui-même. C’est pourquoi j’ai réorganisé le système bancaire, notamment en démocratisant les sources de crédit. Pour rendre le crédit bon marché, j’ai créé un crédit foncier pour le monde agricole, un crédit immobilier pour les sociétés industrielles, et bien d’autres… Même la banque de France a du se mettre au pas.
– C’est facile de parler de développement économique, mais avez-vous des chiffres ? Demanda François en se caressant les verrues du menton.
– Parfaitement mon ami : le PIB de la France est passé de 11 milliards à 22. Le salaire ouvrier a augmenté +6,7 % de 1850 à 1860 et +9,5 % de 1860 à 1870 ; tandis que tous les prix ont baissé. La croissance est de +3% par an et les…
– Ne te prends pas la tête Napo chéri ! Dis-je, c’est pas au maître de se justifier. Et toi Pépère ne nous casse pas les « nuts » avec ta manie des chiffres. Donc t’es mignon, tu te la fermes et tu prends note. Monsieur l’empereur, faites-lui donc une petite synthèse, please !
– Que dire ? Si ce n’est qu’il faut avoir une vision ! Non seulement pour son peuple, la France, mais aussi pour tous les peuples, soit l’Europe. J’ai voulu une France puissante pour être le pilier d’une Europe unie. J’ai rêvé d’un moment où les grandes questions qui divisent les gouvernements pourront être résolues pacifiquement par un arbitrage européen ».
Ses yeux brillaient tandis que j’hallucinais qu’un homme d’il y a presque 200 ans nous sorte un truc pareil ! Puis il repris :
« Aujourd’hui, c’est par le perfectionnement de l’industrie, par les conquêtes du commerce qu’il faut lutter avec le monde entier. Créez un pays fort et soyez exemplaire. Pour cela, seul le peuple et vous-même devez gouverner. Prenez conseil auprès de vos ministres mais méfiez-vous en. Limitez les intermédiaires entre le peuple et vous. En ce qui me concerne, et chaque jour me le prouve, mes amis les plus sincères, les plus dévoués ne sont pas dans les palais, ils sont sous le chaume ; ils ne sont pas sous les lambris dorés, ils sont dans les ateliers, dans les campagnes. »
Il fit une nouvelle pause, scruta Hollande de ses yeux perçants puis lança :
« Soyez fort et soyez hardi Monsieur ! »
Je me levais d’un bond :
– Dans mes bras mon Napo’ ! Dis, ça te dirait de venir au 21ème siècle pour être notre président ? Moi je vote pour !
Notes
Les dialogues de Napoléon III sont retranscrits sur le base de ses propres propos exprimés dans ses ouvrages (Rêveries politiques, L’Extinction du paupérisme, Des idées napoléoniennes).
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Vous écoutez les infos ? Moi aussi. Ça vous met en rogne, hein ? (voire même les pétoches, mais si, avouez !) Moi aussi. Vous y croyez sur le …
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Il est 2h du matin, cela fait 4 heures que je lis, alors je vais être brève : Ils commencent à me courir grave sur le …
Un petit » chef- d’oeuvre » cet entretien, Bravo! J’approuve à 100% cet échange , c’est à la fois bon pour l’humeur et d’un à-propos troublant.
Très jolie démonstration. Mais n’est pas Napoléon (même III) qui veut: Hollande qui n’était déjà pas bien viril, a été définitivement castré à l’ENA, cette école de la médiocrité bureaucratique. Eliminons les énarques de tous les postes de commandement et la France est sauvée.