It’s Sade, so sad – Acte III

Troisième Partie

People -  1 juillet 2013

Chers spectateurs, merci d’être de nouveau parmi nous pour ce troisième acte. Je salue votre ouverture d’esprit, votre résistance morale et votre appétit lubrique (ça va, faites pas les innocents !), grâce auxquels vous avez assisté aux précédents actes de cet opéra sans faillir ni défaillir.

Pour les retardataires, dépêchez-vous de lire l’acte I et l’acte II de « It’s Sade, so sad ».

Veuillez s’il vous plait, regagnez vos places pour le bouquet final de cet opéra.
(Pour ceux assis au premier rang, je leur conseille de se protéger  des éventuelles giclures de sang et de… enfin, vous verrez bien !).

Silence, ça commence !

Opéra “It’s Sade, so sad”

Acte III : En Aïe Mineures

Marseille, 1772 (Sade, 32 ans)
5 prostituées entrent en scène.

Prostituées de maison close

Prostituées de maison close

En cette journée de juin, déjà chaude (et qui va le devenir encore plus), Latour, le fidèle valet du marquis, récolte des demoiselles dans les rues afin de satisfaire l’appétit fantaisiste de son maître ; tâche point trop compliquée en ce terreau fertile qu’est le port de Marseille.

Il cueille 4 jeunes, très jeunes prostituées, ainsi qu’aime les déguster le marquis.
Elles sont amenées dans une « petite maison » (hôtel de passe) dans laquelle se déroule la scène.
C’est Marianne, une jeune et jolie lyonnaise qui sert d’amuse-bouche.

 

 

 

Refrain  (lire  l’acte I et l’acte II ) :

Sade introduit la jeune fille dans une pièce de la« petite maison » qu’il ferme à clé.

Comme il est coutume dans ce refrain : la fille est déshabillée puis fouettée avec application par un Marquis hautement lubrique.

Petite variation de notes plus « graves » : Latour, le valet, est présent. Pendant que le marquis fouette la fille d’une main, il manualise (masturbe) son valet de l’autre.

Descendons encore dans les graves :
Sade très excité lance à Marianne : «  Maintenant que je suis à point, tourne toi que je te pédique   (sodomise) ».
Refus outré de la jeune fille.

(Je précise pour les spectateurs qui ne comprendraient pas la raison d’un refus, surtout outré – bandes de dévergondés – que l’acte sodomite, à cette époque, est une grave atteinte à la loi et à Dieu. Il est puni de peine de mort. C’est un châtiment bien plus terrifiant pour la victime que des coups de fouet).

 

Odalisque, Boucher

Odalisque, Boucher

Sade : «  Peut-être les coups de fouet t’ont-ils échauffé la cervelle. Prends donc quelques bonbons à l’anis pour te rafraichir. »
Ces bonbons à l’anis sont en réalité enrobés de cantharide (poudre de mouche espagnol) réputée pour être un aphrodisiaque aussi puissant que toxique. Il l’incite à en manger beaucoup, elle en avalera 8.
En attendant les effets souhaités sur la demoiselle, le marquis entend bien garder les siens intacts. Pour cela, il lui demande d’être fouetté avec son martinet « maison », dont les lanières sont garnies d’épingles.

Retourné contre la cheminée pour y recevoir sa piquante fessée, notre Marquis grave consciencieusement le nombre de coups reçus, avec le petit canif que nous lui connaissons bien (Lire it’s Sade, so sad, Acte II). Ainsi peut-on lire 215, 225, 240… (ce manteau de cheminée existerait toujours à Marseille et l’on pourrait toujours y voir les chiffres gravés).

Illustration libertine

Illustration libertine

Après quoi, peut être las d’attendre les effets de ses « douceurs » sur la demoiselle, il prend son parti de la prendre en toute simplicité. Toutefois, n’abandonnant pas l’idée de l’acte sodomite, à défaut de pouvoir l’administrer, il se résout à le recevoir de la part de son valet, et ce tout en forniquant sa belle.

Il faut croire qu’il n’en « tira » pas une entière satisfaction car il appelle la deuxième jeune fille, Rose, qui après avoir reçu les coups de fouet réglementaires, est retournée sur le ventre et troussée par le derrière.

Puis vient le tour de Marianette, mais celle-ci se cabre d’entrée en voyant le spectacle des martinets couverts de sang. Elle ne veut pas se laisser chevaucher, ni cravacher, la vilaine !
Notre cavalier gentilhomme rappelle alors sa docile pouliche Marianne, qui devrait maintenant être éperonnée par l’effet des bonbons à la cantharide. Bingo ! Elle se montre enfin des plus coopératives.

 

Catherine Deneuve, Belle de Jour

Catherine Deneuve, Belle de Jour

En guise d’échauffement elle reçoit de nouveau le fouet, puis est montée de manière fantaisiste par un Sade décidément infatigable : après être sodomisée, cette dernière doit irrumer (pratiquer une fellation) tantôt le marquis, tantôt le valet. Devant l’ardeur de la pouliche, ce dernier est également invité à la chevauchée fantastique, Yaaaaah !

Tout cela eu pu rester un secret d’alcôve, comme il en était finalement bon nombre dans ce grand siècle du libertinage.

Seulement voilà, le marquis commet une erreur fatale, et pas vraiment celle à laquelle on aurait pu s’attendre :
le lendemain de ces égarements, l’ogre sadique veut remettre le couvert.
C’est une certaine Marguerite qui sera au menu. Mais avant de se farcir la belle plante, il souhaite la farcir de ses fameux bonbons à la cantharide.

 

Il y réussit cette fois si bien que la goulue en avale une énorme quantité. Mais alors, après que le marquis eut « jouit d’elle par derrière et de plusieurs autres manières toutes plus horribles » (ainsi qu’elle le déclarera à la police), elle se met à vomir en abondance des «  matières noirâtres et sanguines » !

La surprise, Dubufe

La surprise, Dubufe

La jolie fleur, folle de terreur, crie dans les rues de Marseille à qui veut l’entendre qu’elle a été empoisonnée. Elle ne sera que trop entendue, surtout dans une ville qui a de grandes oreilles, et une bouche encore plus grande ! La rumeur monte, la rumeur gronde, la rumeur éclate.

Notre joli (forni)coeur, de mécréant sodomite (lire l’acte I), d’écorcheur fou (lire l’acte II), devient empoisonneur de jeunes filles.

 

C’est ainsi que se ferme le rideau sur un ténor du sexe hors norme et que s’ouvre celui du barreau (de prison) derrière lequel il passera les 28 prochaines années.

Dans une dernière révérence, il lance à son public :

« Je suis impérieux, colère, emporté, extrême en tout, d’un dérèglement d’imagination sur les mœurs qui de la vie n’a eu son pareil, athée jusqu’au fanatisme, en deux mots me voilà, et encore un coup, ou tuez-moi ou prenez-moi comme cela ; car je ne changerai pas »

Fin de l’Opéra “It’s Sade, so sad” où « The hardest word seems to be sorry »…

 

Notes

Tous les (for)faits relatés ici sont véridiques et ont vraiment eu lieu (attestés dans les procès verbaux).
Les dialogues sont retranscris sur la base des déclarations des plaignantes figurants dans les procès-verbaux.
Le dernier monologue de conclusion est celui du Marquis de Sade tel qu’il l’a lui-même prononcé.

 

 

 

 

Histoire Très Personnelle vous remercie pour ces 2 commentaires :

  1. Bien documenté et traité avec le ton qui sied vu les faits à relater!

  2. Fin de mes lectures pour ce soir, ce fut assez épique et le ton s’y prête bien (non, je ne parle pas de Marianne!)
    Tout me laisse penser que finalement, au vu de la dépravation qu’est celle de l’apogée de la pornographie-google de notre époque, Sade était un Rocco perdu dans un autre temps…
    Voilà pour la réflexion du soir, merci pour ce brillant article! :)

Mes chers amis, vous avez la parole :

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Ici, pas de longs discours académiques,
Pas de dissection scientifique de l’Histoire,
Pas d’écartèlement de grands hommes entre des dates.

Ici, je vous propose de prendre une porte dérobée de l’Histoire, celle prévue pour les intimes. Tous mes amis vous y attendent. Venez donc prendre un café avec Monsieur de Sade, heu… non pas lui, on va attendre de mieux se connaitre ! Allons plutôt chez Diderot, il est super cool. Ensuite nous irons explorer des châteaux, et chemin faisant, je vous raconterai plein de petites histoires sympathiques…

Je vous propose que l’on s’amuse à créer des thématiques pour donner un alibi à nos promenades intempestives dans les siècles, et des raisons à nos conversations badines.
Vous avez une idée ? Hum… Je vous sens quelque peu timides. Allez hop, je donne le ton : ce sera Le libertinage ! A moins que vous ne préfériez Tortures et Châtiments ? De toute façon,  il y en a pour tous les goûts…

Moi, votre guide ? Mais non, voyons ! Votre meilleure amie historique, celle qui vous prend par le bras et vous chuchote les potins, les scandales et dit tout haut ce que tout le monde pense tout bas…

Allez hop, c’est parti, suivez-moi !

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Aux grands artistes   Histoire Très Personnelle reconnaissante

Si vous émettez des gloussements de rire lors de la lecture d’Histoire Très Personnelle,
Si vous admirez au moins une personne née avant 1900,
Si la folie de votre imagination n’a d’égale que celle de votre passion,
Si cette passion est la photo, le dessin, le costume, le maquillage, la coiffure, etc.,
Et surtout de faire des choses aussi déjantées que belles…

Qu’attendez-vous pour contacter Histoire Très Personnelle ?
Votre place au Panthéon vous attend !

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Dame Ariane
15ème Siècle
Mademoiselle
de Riri
18ème Siècle

Qui suis-je ?

Je m’appelle Ariane.
Non, pas comme la fusée ! Rhooo… Comme la princesse de la mythologie grecque : ma sœur c’est Phèdre et mon frangin c’est le Minotaure. Quant à mon mari, il s’appelle Bacchus…
Oui je sais, que des cinglés, ce qui expliquerait peut-être mon grain de folie ?

Que fais-je dans la vie ?

Être (enfin) en accord avec moi-même, ce que je ne saurais mieux vous conseiller ; c’est-à-dire vivre de mes passions, prendre du plaisir et surtout, être moi-même.
Non, ce n’est pas un discours idéaliste d’ado attardée, au contraire ! Ça m’a pris 30 ans pour le comprendre,  et surtout, pour oser le faire…
J’ai travaillé de nombreuses années dans la mode en faisant des choses qui m’ont parfois déplu, et j’ai même monté ma propre marque haut de gamme pour femme.
Dans ce magazine, j’ai décidé de réunir toutes mes passions, ce qui donne pêle-mêle : l’Histoire, l’écriture, la direction artistique (et même, je l’avoue, un soupçon de mode, pas pu m’en empêcher !).
La seule passion manquante à l’appel ici est le cinéma, mais ça viendra, je vous en réserve la surprise…

Alors certes, je ne gagne presque pas un rond mais n’empêche, vivre ses passions, qu’est-ce que c’est bon… Une vraie vie de luxe que je souhaite à tout milliardaire !

Pourquoi j’écris ce magazine ?

Franchement, vous en connaissez beaucoup parmi vos amis qui, comme moi, vont se rincer une dent avec le prince de Talleyrand (qu’est-ce qu’il picole celui-là !), coller des baffes à Robespierre ou encore faire la fête avec Marie-Antoinette ?
Non ? Alors, vous voyez, il faut bien que je vous raconte !

Moi au Moyen-Age

Ah, c’est vous mes amis ? Ouf, j’ai eu peur que ce soit quelqu’un d’ici qui m’ait pris en flag !

Je vous explique :

Comme vous le savez, je voyage dans les siècles à la rencontre de mes amis. J’étais donc partie me promener au 15ème siècle pour aller rendre visite à deux copines :  Agnès (Sorel) et Jeanne (d’Arc). Seulement voilà, cette gourgandine d’Agnès est occupée à forniquer avec son Carlito (Charles VII) . Quant à Jeanne, elle est plus ou moins devenue schizo depuis qu’elle entend des voix (ne le dites à personne, surtout pas aux Anglais, mais elle manigance pour prendre la tête d’une armée, n’importe quoi !).

Bref, tout le monde est très occupé et je m’ennuyais. Comme ce ne sont pas les activités fun qui pullulent à cette période de l’Histoire, je suis donc allée faire un tour à l’église, histoire de faire bonne figure et surtout bonne lecture.
Seulement je n’aime pas trop la Bible, il n’y a pas pire pour filer des maux de crâne (et ici pas la peine de chercher d’aspirine, vous ne trouverez que des hosties). Du coup, je remplace le livre Saint par le Saint des livres : le kamasutra. C’est l’accessoire indispensable quand on voyage au Moyen Age, je l’emporte toujours avec moi.

Mais chut ! Ne le dites à personne car je n’ai pas envie de me faire griller (au sens propre du terme !).

Bon, maintenant que vous êtes là, ça vous dit d’aller faire un tour chez ma meilleure amie, Marie-Antoinette ?

Moi au 18ème siècle

Votre voyage depuis le Moyen Age s’est bien passé ?
Moi, je viens de prendre 3 siècles et j’en ai les cheveux qui ont blanchi !

Nous voici chez Marie-Antoinette, mon illustre amie.
Elle adore organiser des sauteries dans son hameau. C’est Loulou qui lui a fait construire ce petit endroit.
Il est certes hyper sympa, mais ça a coûté les yeux de la tête, paraît-il… D’ailleurs pas plus tard qu’hier je lui disais : « Toinette, tu fais ta coquette en jouant à la paysanne avec tes moutons à 3000 dollars, mais ça en énerve plus d’un, tu sais ! Un jour ça tournera mal…».

Enfin bref, aujourd’hui on y joue une pièce de théâtre, veuillez donc excuser ma tenue champêtre quelque peu décontractée. Je me suis habillée à la hâte ce matin, en à peine une heure et demie, c’est vous dire…

Ça vous dérange si je boulotte un cupcake ? J’en ai piqués à la laiterie tout à l’heure, il parait que c’est Lafayette qui a ramené cette curiosité des Etats-Unis, j’en suis folle ! (de l’un comme de l’autre).
Chut, parlons moins fort ! Toinette est en train de jouer sa pièce de théâtre. Cachez-vous donc derrière mon éventail et continuons notre causerie à voix basse.
Entre nous, vous ne trouvez pas que son jeu d’actrice est pitoyable ? C’est comme cette duchesse de Polignac qui…
Comment ça, je critique ? Mais évidemment, voyons ! Manger et médire sont les plus savoureux passe-temps de ce siècle.

Allez, mes amis, je cesse de vous ballotter entre les siècles, cette fois c’est moi qui viens à vous…

Moi au 21ème siècle

Salut les amis, on se fait la bise ?
Ah… de retour au 21ème siècle, ça fait du bien !
Veste, legging et chewing-gum, c’est à ça que l’on sait qu’on est revenu à la maison.

Bon, on se fait la photo finale ? Afin que vous sachiez enfin à quoi je ressemble telle que Dieu m’a faite (et aussi la mode printemps-été, j’avoue !)
Meeeer… juste au moment où je faisais ma bulle de chewing-gum ! C’est fou cette faculté naturelle que j’ai de me faire prendre en flagrant délit de mauvaise conduite… Mais bon, autant vous y habituer dès à présent, parce que ce n’est pas prêt de changer ! ( Maman si tu me lis : désolée…)

Maintenant que la glace est définitivement rompue entre nous, on va pouvoir se balader en toute liberté et en toute intimité dans les différents siècles !

L’Histoire, c’est Mon Histoire…

Allez hop, c’est parti, suivez-moi !

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Embarquement imminent !

Nouveau Grand Voyage : L’Amour

Prochaines Destinations

Lieux :
Dans le thème « Tortures et Châtiments » : Cartouche, un homme explosif

Lieux :
Dans le nouveau thème de « L’Amour » : Château de Maisons-Laffitte (A Monsieur le Marquis)

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