Chers spectateurs, veuillez regagner vos places pour la deuxième partie de l’opéra « It’s Sade, so sad », entièrement composé et joué par… Sade.
Si pour la première partie vous étiez arrivés en retard, ou pire, si vous étiez absents (vilains, vous allez me vexer le Marquis !), vous avez 5 minutes pour corriger cet ignoble affront avant que le rideau ne se lève sur l’acte II : It’s Sade so sad, Acte I
Silence, ça commence !
Opéra “It’s Sade, so sad”
Acte II : Une mendiante en lambeaux
Paris, 1768 (Sade, 28 ans)
Entre en scène une mendiante de 36 ans, Rose Keller.

Portrait rapprochant de Rose Keller, (extrait de Game of Throne)
En ce dimanche matin, Rose fait la manche. Malgré ses haillons, c’est une très belle femme blonde, au corps souple et gracile.
Non loin de là, un homme de belle tournure, dont la mise est forte élégante, l’observe. Il finit par l’accoster :
– Sade : « Je te donne un écu si tu acceptes de me suivre.
– Rose : Je suis mendiante, certes, mais pas putain, Monsieur !
– Sade : Pardonne l’inconvenance de mon propos s’il laisse à penser pareil chose, je recherche simplement les services d’une employée de maison pour le ménage de ma chambre. »
La mendiante, après quelques hésitations, se ravise : « et où donc se trouve donc cette chambre, Monsieur ?
– Sade : Mais, jolie môme, il ne tient qu’à toi de le découvrir. »
Puis désignant un carrosse : « Monte, je suis ton guide. »
Après quelques détours dans Paris, le carrosse s’engage en direction d’Argenteuil. Monsieur le Marquis a le bon goût d’y louer une « petite maison » pour ses plaisirs, point trop proche de Paris et de sa femme.
Arrivé dans une cour pavée, le carrosse s’immobilise, les deux personnages descendent.

Le bassin d’Argenteuil, Monet
Refrain (lire : It’s Sade, so sad- Acte I) :
Sade introduit la jeune femme dans une pièce de la« petite maison » qu’il ferme à clé.
Commence alors une étrange conversation :
– Sade : « A poil, la gueuse, qu’il ne reste rien, pas même la chemise de corps ! » (Sous-vêtements de l’époque)
– Rose, d’abord interloquée, finit par balbutier : « Je suis une honnête femme, je vous l’ai déjà dit… »
– Sade, sortant un pistolet de sa poche: « Ne moufte pas petite pute, sinon tu vas tâter de ceci. Tu feras moins la coquette une fois enterrée dans le jardin ! ».
Les yeux de la pauvre femme s’agrandissent de terreur, tandis qu’elle s’exécute en tremblant.
Le marquis l’empoigne alors violemment, il la jette à plat ventre sur un canapé, entreprend de la ligoter bien serrée avec des cordes de chanvres, puis recouvre sa nuque d’un traversin. (Si vous avez une explication concernant le traversin, je veux bien la connaitre, car je n’ai toujours pas compris…)
Puis, Sade se livre à un étrange manège vestimentaire : il enlève sa veste et sa chemise, passe un gilet sans manche et noue un mouchoir autour de sa tête.

Illustration libertine
Les choses sérieuses peuvent alors commencer : il frappe avec acharnement les fesses et le dos de la mendiante alternant verge (pas la sienne, mais l’outil !) et martinet de corde à nœud. Les coups pleuvent sous les cris de la pauvre femme.
Ces cris se font de plus en plus aigus à mesure que les coups s’accélèrent.
Ce chant de Castafiore, rythmé par de tristes percussions, aurait pu briser du cristal et nos oreilles s’il n’avait pas été interrompu soudainement par un éclat de voix de ténor lubrique (ou un hurlement de fauve en rut, on ne sait plus trop à ce stade…).
Mesdames, Messieurs : Sade vient de jouir.
Silence, grand silence… (Et consternation).
Enfin, quelques notes de bonté viennent égailler ce navrant spectacle : Sade sort un onguent de sa poche. Il l’applique avec minutie sur les plaies sanguinolentes de Rose, puis la frictionne d’eau de vie. Il part et revient quelques instants plus tard muni d’un grand plat de mijoté de bœuf et d’une bonne bouteille de vin.
Le jour tombe, Rose aussi, il la laisse seule… pour la nuit.
Argenteuil, le lendemain matin.
Sade s’engouffre dans la chambre de Rose qu’il referme à clé.
Même partition que la veille.
Note : pour les spectateurs un peu perdus, reprendre à « il la jette sur un canapé, entreprend de la ligoter bien serré avec des cordes de chanvres (…) ».
Pour les spectateurs un peu sensibles, quittez la salle ! (ça va empirer sévère).

Une fois la fille ligotée, jetée à plat ventre sur le canapé, (la veste et la chemise retirées et le mouchoir autour de la tête noué), les choses sérieuses peuvent commencer :
Heu… mais que se passe-t-il ?
Pas de coups de fouet ? Point de coups de martinet ?
Hélas, non : aujourd’hui c’est coup de théatre… A savoir : coups de couteau ! (Ça fait beaucoup de coups d’un seul coup – concept très « sadien », que dis-je : concept très « sadique » !)
Le marquis sort un petit canif et entreprend de faire des belles « boutonnières » à sa belle prisonnière. (faire des boutonnières – terme de l’époque- quand il n’y a pas de vêtement, cela veut dire entailler le bifteck !).
Pendant que Sade joue du couteau en lacérant le dos et les fesses de la fille, celle-ci joue des cordes vocales. Le duo accélère, les aiguës fusent, le sang gicle, Sade aussi…
Silence, grand silence… (Consternation).
Quelques notes de bonté n’arrivent plus à égailler ce navrant spectacle… Notre égrillard marquis a beau sortir son onguent et en enduire avec soin les blessures… Trop c’est trop !
Rose n’est plus, seule du rouge demeure.
Le jour tombe, la mendiante se lève, le marquis part, elle aussi.
Avec l’énergie du désespoir et animée d’une terreur sans nom, Rose rompt ses liens et s’élance par la fenêtre, manquant de se casser une jambe.
Nue et ensanglantée, elle court, elle crie, tant et si bien qu’elle ameute tout Argenteuil !
Le valet du marquis accourt et propose de l’argent.
La fille re-court, la fille re-crie !
Les villageois accourent et proposent de l’écouter.

Le Marquis de Sade en prison
Silence…grand silence… Consternation et… Punition !
Les notables s’emparent de l’affaire, elle remonte jusqu’à Paris et fait grand bruit : il y a grand procès !
La mendiante est riche, le marquis est ruiné (et emprisonné).
Silence…grand silence… Applaudissements !
Fin du deuxième acte.
PS : ça ne vous rappelle pas étrangement une histoire ? A la différence près qu’il n’y a pas eu de procès (ni de prison, ni de ruine, ni… rien).
DSK, si tu me lis, tu te reconnaîtras…
-Entracte-
Chers spectateurs, je vous propose un petit intermède au terme de ce deuxième acte. En effet, il a été éprouvant pour le pauvre Marquis, ce dernier a donc besoin de quelque repos avant de se préparer pour le troisième acte qui est encore plus… sadique.
A très vite pour la troisième partie de « It’s Sade, so sad » : Acte III – En Aïe « mineures ».
Notes
Tous les (for)faits relatés ici sont véridiques et ont vraiment eu lieu (attestés par les déclarations de la plaignante dans le procès verbal.)
Faisant suite à l’Art du Nu, voici un sujet au « poil », pour nous y replonger justement… dans le poil pubien, le poil pas bien, bref …
Je me sentais d'humeur badine et le coeur léger ce jour là, alors je suis partie me promener au bois de Boulogne ; mais c'est …
Chers spectateurs, merci d’être de nouveau parmi nous pour ce troisième acte. Je salue votre ouverture d’esprit, votre résistance morale et votre appétit lubrique (ça …
Voilà bien une visite-conférence comme je les aime : il y a du poil pubien, de la cellulite aux cuisses et de la fesse bien rebondie. …
Des jardins à l'italienne, tels de petits soupirants, se pressent au pied d’une belle demeure renaissance alanguie. Plus loin, un immense lac étend son miroir …
Ce qu’il y a de bien avec le marquis de Sade, c’est que point n’est besoin d’une longue introduction pour le présenter, le nom dit …
le traversin, c’est aussi mystérieux que le mouchoir sur la tête : vu l’aboutissement de son acte, il valait mieux qu’il le garde à portée de main !!!
Toujours dans ma lecture commentée en temps réel, j’admire le coup du traversin sur la nuque, peut être pour éviter de l’assommer sec si un coup s’écarte des autres? C’est la seule explication que j’ai trouvée
(mis à part la création d’un genre de matelas mendiant auquel un manque de coussin aurait été une insulte à la chaleur moite du revêtement d’entrailles… Sade, si tu me lis, cette saillie est pour toi!)
J’attaque l’acte 3 de ce pas, remerciements!