Ce qu’il y a de bien avec le marquis de Sade, c’est que point n’est besoin d’une longue introduction pour le présenter, le nom dit tout :
Sadisme : « perversion sexuelle par laquelle une personne ne peut atteindre l’orgasme qu’en faisant souffrir l’objet de ses désirs ».
Qui peut se targuer d’avoir son nom dans la langue courante et dans le dico ? Peu de monde, et pour cause, peu ont eu la vie du cher Monsieur, et c’est peut-être tant mieux, vous allez comprendre…
Ça vous dit une petite virée chez Sade, le divin Marquis, S.M pour les intimes?
Attention, ce voyage exotique est réservé à un public majeur et averti, je vous aurai prévenu !
Allez hop, c’est parti, suivez-moi !
Pour se mettre en jambes, et dans ce cas précis, peut-être même les jambes en l’air, j’aurais pu vous citer quelques passages croustillants de Justine, Juliette ou des Cents Jours de Sodome, ses best-sellers. J’aurais pu… Mais avec Sade, il y a encore mieux que ses romans érotico-sadomasochistes : il y a sa vie !
En effet, ce que l’on ne vous dit pas toujours, c’est que si l’on doit à Monsieur de Sade ses histoires de viols, de tortures et autres festivités du genre dans ses romans, c’est uniquement parce qu’on l’en a privé dans sa vie.
Comment passe-t-on de pervers sexuel à écrivain philosophe ? En passant 28 ans en prison ! Forcément, à défaut d’agir ça laisse le temps de réfléchir… Et puis il faut bien rendre grâce à son génie, aussi tordu qu’exquis…
Si Donatien, de son petit nom, commence à se faire une réputation dès sa jeunesse, ce n’est pas à cause de sa beauté :
S’il n’en est pas dénué (blond, yeux bleus, teint pâle et belle tournure), elle n’est point grande pour autant (visage légèrement marqué de petite vérole, dommage) ; exactement comme sa fortune :
Il a beau être né sous les lambris dorés de l’hôtel de Condé et porter le nom d’une des plus anciennes noblesses de Provence (les Sade), elle n’est point immense ; même s’il est vrai qu’elle a bien augmenté grâce à Renée-Pélagie (Melle de Montreuil, sa femme, paix à cette pauvre âme). Quant à ses romans, il n’en a pas encore écrit un seul.
Si le jeune marquis est connu, voyez-vous, c’est qu’il mène une vie de grand débauché. Mais pas comme vous et moi au même âge, pas du tout ! Lui, il ne va pas au Macumba Club en finissant sur le podium bourré à grands coups de vodka ; lui, il va au Bordel Club et finit sur les femmes en les bourrant à grands coups de …
Je vous avais prévenu les amis, et ça ne fait que commencer !
Ben oui, si Dona (Donatien) s’était contenté de se taper des putes, on n’aurait pas inventé le mot sadisme, et je ne serais pas en train de vous en parler.
Heureusement pour la postérité, « Dona è mobile » (est changeant/volage) et c’est un grand opéra qu’il va nous jouer pendant des années, sur un air de perversion sexuelle. Désormais de renommée internationale, cet opéra se déroule en trois actes majeurs, et autant vous dire que le public de l’époque n’a pas vraiment « Rigoletto » !
N.B : Mes chers amis, étant soucieuse de votre moral(e) (hihi), je vous réserve deux petits entractes entre chacun des trois actes, afin de vous laissez respirer.
Silence, ça commence !
Opéra “It’s Sade, so sad”
Acte I : Au nom de Christ
Paris, 1763. (Sade, 23 ans)
Entre en scène une jeune ouvrière de 20 ans, Jeanne Testard.
La petite ouvrière en éventail n’en est pas à son premier accroc ; aujourd’hui elle va à la rencontre du marquis de Sade pour une partie fine que lui a arrangé une maquerelle bien connue, la Du Rameau. En fait de deux Louis d’or qu’elle croit récolter, ce sont deux hosties qui l’attendent…
Sade introduit la jeune fille dans une pièce d’une « petite maison » (hôtel de passe) qu’il ferme à clé.
Commence alors une étrange conversation :
– Sade : « Crois-tu en Dieu, en Jésus-Christ et en la Vierge ?»
– Jeanne : « Oui, j’y crois ! »
– Sade : « Sale petite salope, tu ne vaux pas plus que la putain du Christ, Marie la Verge. Ton Jésus est un Jean Foutre et ton Dieu une pédale de fantôme, qui n’a même pas les couilles d’exister. Sais-tu comment je le sais ?
Un jour que j’étais avec une fille, je suis allé dans un de tes bordels religieux (l’église). Là, je me suis manualisé (masturbé) jusqu’à la pollution (éjaculation) dans un calice. J’ai ensuite communié en prenant deux hosties que j’ai fourrées dans le con de la fille ; je l’ai possédée pendant deux heures en hurlant : si tu es Dieu, venge-toi ! Hahaha ! J’attends toujours… »
Sur ce, Sade entraîne la pauvre Jeanne dans une pièce où se trouvent 4 fouets, 5 martinets ainsi que des statuettes et des estampes du Christ disséminées aux milieux d’autres estampes des plus pornographiques.
Là, il lui demande de prendre le martinet à tiges métalliques, de les faire rougir au feu puis de le fouetter avec sans retenue.
Ensuite, ce fut au tour de la petite ouvrière de choisir l’engin avec lequel elle préférait être fouettée. Une fois la besogne terminée, notre libidineux Marquis, fou de plaisir, éjacule sur les statuettes du Christ. Dans son élan sadique, il demande à la pauvrette de prendre un lavement érotique (qui consiste grosso modo à remplir le gros intestin de flotte par l’anus) et de le rendre sur les statues du Christ…
La fille refuse, Sade insiste, la fille s’enfuit.
Fin du premier acte.
-Entracte-
Chers spectateurs, je vous propose un petit intermède au terme de ce premier acte. Vous pourrez regagner vos places dans quelque temps pour la deuxième partie de : It’s Sade, so sad – Acte II : Une mendiante en lambeaux.
L’horreur continue… crescendo!
Notes
Tous les dialogues figurant ici sont retranscrits sur la base des déclarations des plaignantes inscrites dans les procès-verbaux de l’époque (et à peine modernisés… avec quelque liberté !).
Faisant suite à l’Art du Nu, voici un sujet au « poil », pour nous y replonger justement… dans le poil pubien, le poil pas bien, bref …
Je me sentais d'humeur badine et le coeur léger ce jour là, alors je suis partie me promener au bois de Boulogne ; mais c'est …
Chers spectateurs, merci d’être de nouveau parmi nous pour ce troisième acte. Je salue votre ouverture d’esprit, votre résistance morale et votre appétit lubrique (ça …
Chers spectateurs, veuillez regagner vos places pour la deuxième partie de l’opéra « It’s Sade, so sad », entièrement composé et joué par… Sade. Si pour …
Voilà bien une visite-conférence comme je les aime : il y a du poil pubien, de la cellulite aux cuisses et de la fesse bien rebondie. …
Des jardins à l'italienne, tels de petits soupirants, se pressent au pied d’une belle demeure renaissance alanguie. Plus loin, un immense lac étend son miroir …
Sacré lecture du soir que vous m’offrez là, c’est du propre!
Je vous remercie en temps réel pour ce premier acte, avant d’attaquer le second et de réitérer cela (ou vous maudire, au choix 😉 )