Nom de Dieu ! Verset 1

Petites Histoires -  27 mars 2014

Cette année je passe mes vacances de Pâques au 17ème siècle, chez ma copine Marie.
Marie est une aristo qui met un point d’honneur à ne pas trahir son nom : De Joyeuse.
Résultat, depuis qu’elle a posé ses valoch’ à l’Hôtel de Guise, que nous autres du 21ème connaissons sous le nom d’Hôtel de Soubise à Paris, c’est la grosse teuf’ !
Enfin, normalement…

Allez hop, c’est parti, suivez-moi !

Hôtel de Soubise, anciennement Hôtel de Guise, Paris

Hôtel de Soubise, anciennement Hôtel de Guise, Paris

En ce jeudi d’Avril ensoleillé, je débarque la bouche en cœur, les bagages remplis de mouches et autres accessoires pour me la péter dans les « Joyeuses » soirées de Marie, quand tout à coup, c’est la douche froide !

« Ma mie, m’annonce mon amie, cette fois nos accessoires de galante serviront à séduire Dieu ou ne serviront pas. »

Un brin décontenancée, je m’apprête à répliquer que j’en serais fort aise si le joli duc de Luynes tenait le rôle de Dieu, seulement son air grave me retient :

« Allons bon, qu’est-ce qu’il t’arrive ? C’est parce que tu n’arrives toujours pas à te trouver un mari que tu veux te caser avec Dieu ou quoi ? »

Marie de Guise, Arielle Dombasle dans le Libertin

Marie de Guise, Arielle Dombasle dans le Libertin

NB : Marie est toujours célib’ à plus de 25 ans, ce qui la fout très mal au 17ème, d’autant qu’elle est la dernière héritière de la famille de Guise. Autant dire qu’on lui met une pression de malade, ce qui la rend… malade. Mais pas longtemps, puisqu’elle s’en console assez bien avec quelques sex friends.

« Hélas mon amie, reprit-elle, ne blasphémez pas en cette période de Carême, cela vous coûterait fort cher à confesse. D’ailleurs, demain c’est Vendredi Saint, il nous faudra faire nos dévotions avec ma famille.
Elle ponctue cette macabre déclaration d’un long soupir…

Pour ma part, cette soudaine piété, très inhabituelle chez mon amie, me surprend sans pour autant altérer ma bonne humeur.

– C’est quoi cette histoire de Vendredi ? C’est Dimanche qui compte, parce que c’est Pâques ! On va fêter la résurrection de ton Petit Jésus aux petits oignons : agneau pascal rôtit aux olives, et en dessert : œufs en choco planqués dans le buis du jardin ! »

 

Marie secoue sa jolie tête blonde d’un air triste, m’entraine dans son boudoir, me fait asseoir en face d’elle et me prend les mains. Ce cérémonial commence à me foutre les pétoch’… avec raison.

Elle m’explique avec un air de cocker en deuil la signification du Vendredi Saint : jour de la Passion du Christ, les bons chrétiens ont pour obligation de se remémorer sa crucifixion. Ils se doivent de partager ses souffrances en faisant le chemin de croix et…

« Quoi ? On ne peut même plus bouffer ! (moi, faisant un bon de cabri sur mon cabriolet).
Bon, on n’aura qu’à se faire péter le bide aujourd’hui, ça nous aidera à tenir jusqu’à samedi. (moi, recouvrant mon calme et ma sagesse légendaire).

– Non point ma chère ! Nous devons manger maigre en cette période de Carême.

– Oh ça va…  le Bon Dieu ne va pas nous punir parce qu’on boulotte 2/3 macarons. Crois-moi, j’ai déjà testé !

Agnus Dei, Zurbarán

Agnus Dei, Zurbarán

– Je me moque bien des punitions divines, là n’est pas la question ! Me rétorque Marie en haussant ses blanches épaules. Mais les braves gens, comme les gens d’Eglise, accordent une telle importance à ces fêtes religieuses que nous pourrions nous retrouver embastillées avant même d’avoir fini nos macarons, ma pauvre amie ! »

Chemin de croix, Tiepolo

Chemin de croix, Tiepolo

Hum… voilà une chose fort contrariante à laquelle je ne trouve point de solution immédiate…
Soudain Marie se rapproche de moi en baissant la voix et prend son air mutin, qui généralement augure d’un bon « gossip » :

« Savez-vous que l’autre jour, me chuchote-t-elle, Madame ma mère m’a conduite au couvent des Capucines pour essayer de faire entrer quelque piété dans ma pauvre cervelle. Mon Dieu, si je m’attendais à ça ! Moi qui pensais m’ennuyer à périr, j’en suis presque à vouloir y retourner…

– C’est pas vrai ! dis-je en la coupant, ils ont réussi à te convertir et vl’à que tu veux être bonne sœur ? C’est donc pour ça que tu me rabats les oreilles avec tes bondieuseries depuis mon arrivée !

– Ma mie, faites-moi savoir quand vous aurez cessé de faire votre Commedia Dell’arte, que je puisse finir mon récit !

Je me tais devant la soudaine mise en lumière de mon vilain défaut.

– Bon, et bien figurez-vous que j’y ai vu des choses à peine croyables : des nones en plein délire disaient vivre la Passion du Christ et se mettaient à saigner des membres et du flanc tout comme Lui ! Sans parler d’une autre qui se prive de toute nourriture depuis des mois, et qui cependant engraisse comme une oie !
Elle dit s’alimenter uniquement d’un breuvage fait de saintes reliques macérées dans une vilaine piquette coupée d’eau … Marie lance un coup d’œil furtif autour de nous avant de conclure : il se passe dans ce couvent des choses surnaturelles à vous faire dresser les cheveux sur la tête !

Rhooo ! Mon intérêt est piqué au vif, puis porté à son comble lorsque Marie ajoute, mi-effrayée, mi-amusée :

– Et encore, de l’aveu de ces religieuses, il paraît que tous ces phénomènes sont portés à leur paroxysme le Vendredi Saint.

Corpus Hypercubus, Dalí

Corpus Hypercubus, Dalí

Elle n’a pas le temps de finir sa phrase que je m’écrie :

– Allons-y !

– Vous n’y pensez pas ! Demain nous devons assister, avec Madame ma mère et mes oncles, au traditionnel chemin de croix, puis le soir à la messe des Présanctifiés. Sans compter que Mère a fort mal pris les événements dont je vous parle, déclarant haut et fort qu’il s’agissait là de quelques diableries. Sur quoi elle m’a interdit d’y remettre les pieds.

– Raison de plus pour s’y pointer ! » Dis-je exaltée.

Après concertation nous convenons que, malheureusement, Marie ne pourra pas échapper à la traditionnelle réunion de famille sous peine de manger, même pendant Carême, un soufflet dans sa jolie face d’aristo. Mais quant à moi, qui suis prolo, je risque moins le courroux des Guises ; encore faut-il que nous échafaudions un plan pour que je puisse être amenée dans ledit couvent en cachette, afin de ne pas déclencher l’ire de la très chrétienne Madame sa mère (qui, soit dit en passant, ne me porte pas dans son très chrétien cœur…).

Ainsi fut fait.

– Fin du premier Verset –
La véridique et stupéfiante suite au couvent des capucines, la semaine prochaine…

Notes

Ai-je encore besoin de mentionner que tous les personnages sont réels (et dont un encore vivant : Bibi !), tout comme les surprenantes déclarations de Marie de Guise, duchesse de Joyeuse, concernant l’ascèse et les stigmates du Christ observés chez certaines soeurs. Catherine de Sienne est un exemple historique parmi tant d’autres. Ces témoignages nous proviennent de biographies de religieuses ou de « rapports » d’historiens des stigmatisés du 17ème siècle. Ce siècle est en effet « THE » période du renouveau mystique et de la stigmatisation. Certaines religieuses n’hésitent pas alors à s’enfoncer des clous dans les mains et les pieds lors de visions pour « revivre » la Passion du Christ.

 

Histoire Très Personnelle vous remercie pour ces 3 commentaires :

  1. j’adore les ptites histoires pas historiques de cette fille…Une nouvelle àsuivre quand t’as rien à lire, et tout ça simplement et sans prétention… Merci l’écrivaine…

  2. Super, la montant en puissance de l’intrigue! j’attends le prochain épisode avec impatience.

  3. Qu’elle se marie cette Marie, elle pourra toujours tromper son mari, comme il « va de soi ». Moi, je passe mon tour, et si on pouvait me dire si on peut accéder a mes demandes :

    1 – excuses publiques a D. de la part de ceux qui l’ont menace
    2 – en parlant d’adultère qu’une personne, a qui je tiens, sache de quel bois pourri est fait sa « compagne ».

    Le prix, fort bas pour vous hein, du silence.

    Si je pouvais avoir une réponse rapide, je n’attendrais pas des semaines, disons d’ici a dimanche 13 avril 2014.

Mes chers amis, vous avez la parole :

Les champs marqués d'une * sont nécessaires pour que votre commentaire soit publié

x

Ici, pas de longs discours académiques,
Pas de dissection scientifique de l’Histoire,
Pas d’écartèlement de grands hommes entre des dates.

Ici, je vous propose de prendre une porte dérobée de l’Histoire, celle prévue pour les intimes. Tous mes amis vous y attendent. Venez donc prendre un café avec Monsieur de Sade, heu… non pas lui, on va attendre de mieux se connaitre ! Allons plutôt chez Diderot, il est super cool. Ensuite nous irons explorer des châteaux, et chemin faisant, je vous raconterai plein de petites histoires sympathiques…

Je vous propose que l’on s’amuse à créer des thématiques pour donner un alibi à nos promenades intempestives dans les siècles, et des raisons à nos conversations badines.
Vous avez une idée ? Hum… Je vous sens quelque peu timides. Allez hop, je donne le ton : ce sera Le libertinage ! A moins que vous ne préfériez Tortures et Châtiments ? De toute façon,  il y en a pour tous les goûts…

Moi, votre guide ? Mais non, voyons ! Votre meilleure amie historique, celle qui vous prend par le bras et vous chuchote les potins, les scandales et dit tout haut ce que tout le monde pense tout bas…

Allez hop, c’est parti, suivez-moi !

x
Aux grands artistes   Histoire Très Personnelle reconnaissante

Si vous émettez des gloussements de rire lors de la lecture d’Histoire Très Personnelle,
Si vous admirez au moins une personne née avant 1900,
Si la folie de votre imagination n’a d’égale que celle de votre passion,
Si cette passion est la photo, le dessin, le costume, le maquillage, la coiffure, etc.,
Et surtout de faire des choses aussi déjantées que belles…

Qu’attendez-vous pour contacter Histoire Très Personnelle ?
Votre place au Panthéon vous attend !

Contactez-moi
x
Dame Ariane
15ème Siècle
Mademoiselle
de Riri
18ème Siècle

Qui suis-je ?

Je m’appelle Ariane.
Non, pas comme la fusée ! Rhooo… Comme la princesse de la mythologie grecque : ma sœur c’est Phèdre et mon frangin c’est le Minotaure. Quant à mon mari, il s’appelle Bacchus…
Oui je sais, que des cinglés, ce qui expliquerait peut-être mon grain de folie ?

Que fais-je dans la vie ?

Être (enfin) en accord avec moi-même, ce que je ne saurais mieux vous conseiller ; c’est-à-dire vivre de mes passions, prendre du plaisir et surtout, être moi-même.
Non, ce n’est pas un discours idéaliste d’ado attardée, au contraire ! Ça m’a pris 30 ans pour le comprendre,  et surtout, pour oser le faire…
J’ai travaillé de nombreuses années dans la mode en faisant des choses qui m’ont parfois déplu, et j’ai même monté ma propre marque haut de gamme pour femme.
Dans ce magazine, j’ai décidé de réunir toutes mes passions, ce qui donne pêle-mêle : l’Histoire, l’écriture, la direction artistique (et même, je l’avoue, un soupçon de mode, pas pu m’en empêcher !).
La seule passion manquante à l’appel ici est le cinéma, mais ça viendra, je vous en réserve la surprise…

Alors certes, je ne gagne presque pas un rond mais n’empêche, vivre ses passions, qu’est-ce que c’est bon… Une vraie vie de luxe que je souhaite à tout milliardaire !

Pourquoi j’écris ce magazine ?

Franchement, vous en connaissez beaucoup parmi vos amis qui, comme moi, vont se rincer une dent avec le prince de Talleyrand (qu’est-ce qu’il picole celui-là !), coller des baffes à Robespierre ou encore faire la fête avec Marie-Antoinette ?
Non ? Alors, vous voyez, il faut bien que je vous raconte !

Moi au Moyen-Age

Ah, c’est vous mes amis ? Ouf, j’ai eu peur que ce soit quelqu’un d’ici qui m’ait pris en flag !

Je vous explique :

Comme vous le savez, je voyage dans les siècles à la rencontre de mes amis. J’étais donc partie me promener au 15ème siècle pour aller rendre visite à deux copines :  Agnès (Sorel) et Jeanne (d’Arc). Seulement voilà, cette gourgandine d’Agnès est occupée à forniquer avec son Carlito (Charles VII) . Quant à Jeanne, elle est plus ou moins devenue schizo depuis qu’elle entend des voix (ne le dites à personne, surtout pas aux Anglais, mais elle manigance pour prendre la tête d’une armée, n’importe quoi !).

Bref, tout le monde est très occupé et je m’ennuyais. Comme ce ne sont pas les activités fun qui pullulent à cette période de l’Histoire, je suis donc allée faire un tour à l’église, histoire de faire bonne figure et surtout bonne lecture.
Seulement je n’aime pas trop la Bible, il n’y a pas pire pour filer des maux de crâne (et ici pas la peine de chercher d’aspirine, vous ne trouverez que des hosties). Du coup, je remplace le livre Saint par le Saint des livres : le kamasutra. C’est l’accessoire indispensable quand on voyage au Moyen Age, je l’emporte toujours avec moi.

Mais chut ! Ne le dites à personne car je n’ai pas envie de me faire griller (au sens propre du terme !).

Bon, maintenant que vous êtes là, ça vous dit d’aller faire un tour chez ma meilleure amie, Marie-Antoinette ?

Moi au 18ème siècle

Votre voyage depuis le Moyen Age s’est bien passé ?
Moi, je viens de prendre 3 siècles et j’en ai les cheveux qui ont blanchi !

Nous voici chez Marie-Antoinette, mon illustre amie.
Elle adore organiser des sauteries dans son hameau. C’est Loulou qui lui a fait construire ce petit endroit.
Il est certes hyper sympa, mais ça a coûté les yeux de la tête, paraît-il… D’ailleurs pas plus tard qu’hier je lui disais : « Toinette, tu fais ta coquette en jouant à la paysanne avec tes moutons à 3000 dollars, mais ça en énerve plus d’un, tu sais ! Un jour ça tournera mal…».

Enfin bref, aujourd’hui on y joue une pièce de théâtre, veuillez donc excuser ma tenue champêtre quelque peu décontractée. Je me suis habillée à la hâte ce matin, en à peine une heure et demie, c’est vous dire…

Ça vous dérange si je boulotte un cupcake ? J’en ai piqués à la laiterie tout à l’heure, il parait que c’est Lafayette qui a ramené cette curiosité des Etats-Unis, j’en suis folle ! (de l’un comme de l’autre).
Chut, parlons moins fort ! Toinette est en train de jouer sa pièce de théâtre. Cachez-vous donc derrière mon éventail et continuons notre causerie à voix basse.
Entre nous, vous ne trouvez pas que son jeu d’actrice est pitoyable ? C’est comme cette duchesse de Polignac qui…
Comment ça, je critique ? Mais évidemment, voyons ! Manger et médire sont les plus savoureux passe-temps de ce siècle.

Allez, mes amis, je cesse de vous ballotter entre les siècles, cette fois c’est moi qui viens à vous…

Moi au 21ème siècle

Salut les amis, on se fait la bise ?
Ah… de retour au 21ème siècle, ça fait du bien !
Veste, legging et chewing-gum, c’est à ça que l’on sait qu’on est revenu à la maison.

Bon, on se fait la photo finale ? Afin que vous sachiez enfin à quoi je ressemble telle que Dieu m’a faite (et aussi la mode printemps-été, j’avoue !)
Meeeer… juste au moment où je faisais ma bulle de chewing-gum ! C’est fou cette faculté naturelle que j’ai de me faire prendre en flagrant délit de mauvaise conduite… Mais bon, autant vous y habituer dès à présent, parce que ce n’est pas prêt de changer ! ( Maman si tu me lis : désolée…)

Maintenant que la glace est définitivement rompue entre nous, on va pouvoir se balader en toute liberté et en toute intimité dans les différents siècles !

L’Histoire, c’est Mon Histoire…

Allez hop, c’est parti, suivez-moi !

x

Chers amis,

Bienvenus dans la tour de contrôle d’Histoire Très Personnelle.
Vous trouverez ici tous les futurs plans de vol : nos prochaines destinations (les articles à venir), et les nouveaux grands voyages dans l’Histoire (les nouveaux thèmes).
Nous décollons pour une nouvelle destination (nouvel article) chaque début de semaine, quant aux nouveaux grands voyages, c’est selon l’humeur du pilote.

Embarquement imminent !

Nouveau Grand Voyage : L’Amour

Prochaines Destinations

Lieux :
Dans le thème « Tortures et Châtiments » : Cartouche, un homme explosif

Lieux :
Dans le nouveau thème de « L’Amour » : Château de Maisons-Laffitte (A Monsieur le Marquis)

Merci d’avoir choisi Histoire Très Personnelle,
Bon voyage…

Chers amis,

Faites partie du Cercle des Initiés et recevez les articles dès leur sortie.

x
x

Chers amis,

Devenez membre du Cercle des Initiés d’Histoire Très Personnelle, et soyez les premiers à embarquer pour les nouvelles destinations !
Je viendrais toquer à votre boite mail une fois par semaine, à chaque nouvel article.

Notez qu’Histoire Très Personnelle impose une loi drastique à sa Newsletter (car c’est tellement vicieux une Newsletter sinon !) :

Article 1 : Jamais de spam tu ne feras
Article 2 : Pas plus d’une fois par semaine (max !) tu apparaîtras
Article 3 : Drôle toujours tu seras
Article 4 : Informations captivantes obligatoirement tu délivreras

Le non-respect d’un de ces articles entraînera la mort immédiate et publique de la newsletter, par procédé de décapitation du cou, euh… du code.

La page Facebook n'est pas encore disponible, mais vous pouvez déjà nous soutenir !
x